Créer le cadre et mettre en place des rituels
Pas d’adolescence sans cadre structurant et sans rituels précisant quels sont les passages fondateurs : rituels d’entrée et de sortie dans les activités, rituels en fonction des postures mentales demandées et des types de relations que l’on a avec les gens : on n’a pas les mêmes rituels avec le père que l’on respecte, le mentor avec qui on travaille, la jeune fille que l’on courtise.
Un des problèmes des adolescents, c’est qu’ils ne distinguent pas la nature des rituels qui relèvent de chacun des types des relations qu’ils entretiennent. Ils parlent à leur professeur comme ils parlent à leur copine ou parlent à leur copine comme ils parlent à leur mère, ce qui entraine beaucoup d’incompréhension entre eux et les adultes. Or, les rituels structurent l’espace et le temps, donnent une place à chaque être et à chaque chose, permettent d’identifier qui fait quoi et à quel moment, dans un cadre spatiotemporel ; ils permettent d’avoir des repères.
Il faut créer le cadre et mettre en place des rituels. À nous de les aider à construire des configurations solidaires au sein desquelles et par lesquelles ils peuvent entrer dans la liberté et la responsabilité. C’est le sens des rendez-vous réguliers du club. Bienvenue au club des Brickodeurs
Favoriser les rencontres et offrir des prises
Ouvrir l’horizon pour que l’adolescent ne soit pas enfermé à l’intérieur d’un chemin tracé et imposé par d’autres
J’aime bien l’idée d’offrir des prises car elle renvoie à l’image de l’escalade. Dans une paroi, face à des prises, il n’y a que vous qui pouvez grimper. On peut vous aider à les trouver, et même vous montrer la voie, mais cela ne vous exonère pas de l’effort pour monter vous-même. On peut vous assurer avec une corde, mais on ne monte pas à votre place. On vous aide simplement à prendre des risques, dans des situations « authentiques », mais sans vous mettre en danger. C’est aussi le sens du parcours pédagogique proposé par notre association : http://fesc.asso.fr/Parcours-pedago...
C’est d’ailleurs là un des problèmes majeurs des adolescents aujourd’hui. Quels risques leur permettons-nous de prendre qui ne les mettent pas en danger ? Quels risques constructifs offrons-nous à nos adolescents ? Dans quelle mesure notre société ne les accule-t-elle pas à prendre des risques qui les mettent systématiquement en danger ?
Nous avons une vraie responsabilité d’adultes : créer des situations où l’adolescent-explorateur trouve sa voie en lui donnant une boussole.
Que seraient les explorateurs sans boussole ?.
La « pédagogie du projet », issue de la « pédagogie du chef d’œuvre » de Compagnons du Moyen-Age, tout comme les propositions de l’Éducation populaire peuvent nous y aider. Voilà longtemps qu’ils défrichent le terrain. Nous n’avons rien inventés. Le jeu vidéo n’est qu’un nouveau moyen pédagogique.
Inscrire l’expérience dans une histoire :
le problème de beaucoup d’adolescents est qu’ils en restent à l’expérience sans l’inscrire dans une histoire.
Pourquoi Perceval n’en reste-t-il pas à l’expérience et grandit-il en s’inscrivant dans une histoire ? C’est que sa quête le met au contact d’un monde mystérieux qu’il cherche à déchiffrer. Il se construit ainsi un récit des origines, des perspectives et un avenir. Il ne reste pas dans les limbes du pulsionnel et de la toute-puissance. Il se définit et se projette à travers des configurations humaines, pour prendre une place en leur sein. C’est pourquoi j’aime bien Maria Montessori quand elle évoque la nécessité anthropologique d’inscrire simultanément l’adolescent dans l’histoire des hommes et dans sa propre histoire. Les adolescents font beaucoup d’expériences aujourd’hui, mais ils s’inscrivent rarement dans une histoire individuelle et collective avec des racines, une tradition, des enjeux, et en même temps une quête… Il n’y a plus de Graal. Or je pense que l’adolescent a besoin d’un Graal, même s’il n’ouvre pas la bouche quand le Graal passe !
Et il faut se résigner à ce qu’il n’ouvre pas la bouche quand le Graal passe ! Il faut l’accepter sans s’en offusquer ni l’accuser de mutisme ou d’irresponsabilité ! Quand vous présentez à un adolescent quelque chose que vous jugez formidable, ne vous attendez pas à ce qu’il s’enthousiasme et vous remercie chaleureusement. D’ailleurs, s’il vous dit : « C’est vraiment bien ce que vous me proposez… C’est un idéal formidable et j’y adhère… j’ai même une reconnaissance infinie à l’égard des adultes de m’avoir ouvert les yeux sur ce qui va donner un sens à ma vie ! »… voilà qui doit plutôt vous inquiéter. Il ne faut pas attendre, quand l’idéal passe devant lui, que l’adolescent vous dise : « Ca y est, c’est l’illumination, j’ai enfin compris et ma vie est changée ! ». Non, il se tait, se mure dans un étrange mutisme, fait semblant de ne pas vous avoir entendu et part en bougonnant pianoter sur son ordinateur ou écouter de la musique… Mais cela ne veut pas dire qu’il n’a pas vu le Graal, a fortiori qu’il ne se pose pas de question sur le sens de sa vie et l’avenir du monde. Simplement, il ne va faire à ses parents ou à ses éducateurs un plaisir qu’ils attendent désespérément en reconnaissant sa dette à leur égard. D’ailleurs, il n’a pas à le faire. Il détourne la tête et fait celui qui n’a rien vu ou que rien n’intéresse. C’est que son avenir, c’est à lui de le construire et qu’il n’est de Graal qu’intérieur, au cœur d’une quête, à la fois universelle et secrète, qui fait de l’adolescent un humain en devenir.
Pour terminer, rappelons quelques repères pédagogiques qui sont essentiels pour une « pédagogie de l’adolescence ». D’abord, une « pédagogie du projet » qui et aussi, nécessairement, une « pédagogie de l’exigence ». Ensuite, une « pédagogie du concret », comme le dit Maria Montessori qui parle de « travail concret, noble et valorisé ». Enfin, une « pédagogie de l’histoire » qui propose des situations où l’adolescent peut construire sa propre histoire en s’inscrivant dans l’Histoire.
Il ne faut pas oublier notre rôle de parent, si l’adolescent voit passer son « graal », c’est-à-dire son « idée génial » [1]. Notre rôle d’adulte est d’aider nos enfants à avoir des projets, à ne pas abandonner, et les faire aboutir.
Participer aux événements et participer à l’histoire
Participer aux événements du club, c’est participer à l’histoire de l’association et permettre aux jeunes de vivre des moments forts avec ses amis.
Des événements comme les rencontres LEGO League, les Coding Gouters, ou les Hackathons nous permettent d’avoir des évènements forts qui donnent une finalité à nos projets et favorisent les rencontres avec d’autres jeunes qui partagent les mêmes passions que nous.
C’est pour cela qu’il est important pour chacun des membres d’y participer au moins une fois.