Les Bonnes nouvelles n’intéressent personne !
Il y a quelques temps, Steven Pinker publiait une chronique dans The Economist dans laquelle il rappelait que le journalisme, même le plus exigeant, était obligé de brosser un tableau déformant la réalité. Pour Pinker, les nouvelles se concentrent sur les événements catastrophiques, car les bonnes nouvelles n’intéressent personne. Et cela crée un marché pour les promoteurs du chaos qui tirent parti de la peur et de l’indignation pour faire parler d’eux à saturation. Cette déformation a un impact majeur sur notre état mental et notre appréhension de la réalité. Il rappelle combien par le passé, nous avons vécu des crises bien plus catastrophiques que celles que nous vivons aujourd’hui. Entre 1970 et 1980, par exemple nous avons connu l’impasse nucléaire entre l’Amérique et l’Union soviétique, les dictatures communistes en Europe orientale, le fascisme en Espagne et au Portugal, les conflits militaires en Amérique latine et en Asie de l’Est, les brigades terroristes marxistes et sécessionnistes en Europe, les guerres civiles en Afrique et la guerre Iran-Irak qui a tué plus d’un demi-million de personnes… Alors, évidemment tout ne va pas toujours mieux pour tout le monde.
Aujourd’hui l’inquiétude majeure concerne la montée des populismes. La vision de Pinker à ce sujet est une véritable provocation pour le commun des mortels biberonné au cycle infernal de l’information continue. Elle est d’un optimisme désarmant. Il prétend que les populistes les plus passionnés d’aujourd’hui radicaux, intolérants, peu éduqués laisseront place, par effet démographique, à un électorat demain plus éduqué, ouvert, divers sur le plan ethnique et social. De même, l’isolationnisme et le nationalisme militant seront engloutis par la vague incontournable de la mondialisation. Les problèmes auxquels sont confrontés les différents pays - migrations, pandémies, terrorisme, cyber-criminalité, prolifération nucléaire, environnement - nécessiteront de plus en plus de solutions internationales. Pinker conclut en nous rappelant que pour obtenir une image précise du monde, il ne nous faut plus seulement lire, mais compter ! En effet, au cours des décennies précédentes, le monde comptait davantage de morts dues à la guerre, aux homicides, aux maladies infectieuses et au terrorisme. Notre monde connaissait plus de pauvreté, de régimes autocratiques, d’armes nucléaires, de pollution de l’air dans les pays riches et plus d’eau contaminée dans les pays pauvres. Depuis l’époque des Lumières l’espérance de vie dans le monde est passé de 30 à 71 ans, la pauvreté extrême est tombée de 9 % à 10 %, le taux d’alphabétisation est passée de 12 % à 83 % et la proportion de personnes vivant dans des démocraties est passé de 1 % aux deux tiers. Depuis 1945, les guerres entre états sont devenues rares, les morts au combat ont été divisés par 10 et des milliards de vies ont été améliorées par les révolutions des droits des minorités raciales, des femmes et des homosexuels.
« La meilleure façon de prédire l’avenir, c’est de l’inventer »
Personne ne peut prédire de façon certaine comment se dessine l’année à venir, mais comme le souligne notre optimiste du jour, pour comprendre le monde et mieux l’anticiper il est plus raisonnable de s’appuyer sur les données que sur les gros titres. Si je peux donc me permettre un vœu pour cette année, je vous souhaite une année sans gros titres, mais une année pleine de curiosité, de réflexion et d’ouverture à de nouveaux sujets. Je nous souhaite tous de sortir de notre bulle médiatique et algorithmique, d’aller à la rencontre de l’inconnu, de l’autre, qui, derrière l’écran de télévision, du smartphone, ou derrière un gilet, quelqu’en soit la couleur, aura quelque chose de nouveau à nous apprendre.
« Je préfère l’Avenir au Passé, car c’est là que j’ai décidé de vivre le restant de mes jours : Victor HUGO »
Quand tout le monde perd la foi en l’avenir, notre seule résistance possible est l’optimisme. Car l’optimisme et l’espoir sont les bases sur lesquelles s’érigent l’engagement et l’action. Aussi pour cette année, je vous souhaite d’être optimiste, raisonnablement, mais résolument optimiste !
C’est pour cela qu’avec les Brickodeurs, nous allons continuer à apprendre à apprendre et rechercher des solutions aux problèmes soulevés par la FIRST LEGO League et CoderDojo. Même si nous sommes moins nombreux que les Grincheux des Rond-point. Nous voulons participer à sa construction plutôt qu’à sa destruction.